vendredi 22 avril 2016

Déjà huit ans

Le prochain Cercle de Silence
aura lieu samedi 30 avril 2016
de 18 à 19 h Place Kléber,
pour protester silencieusement
contre la criminalisation des étrangers
démunis de titre de séjour

Ce 30 avril 2016, voilà huit ans que nous nous réunissons. Pour quel bilan ?
La situation des migrants, des réfugiés, des sans papiers non seulement ne s’est pas améliorée mais a empiré : en Méditerranée et sur ses rives, et ici en France. Nos précédents messages le relatent et nous récapitulons en bas de ce message des faits marquants de l'année écoulée, connus ou plus inaperçus.
Le silence assourdissant et l’indifférence quasi générale face à ces drames continuent à nous toucher et nous obligent à poursuivre notre mobilisation.
Pour marquer ces 8 ans de cercle nous vous invitons à deux actions :
  • en mémoire de nos grands cercles des origines, venons nombreux en invitant des personnes de notre entourage, tous munis de petits bateaux en papier.
  • agissons en soutenant une association qui vient en aide aux demandeurs d’asile. Nous relayons ici son appel.
CASAS, le Collectif d’Accueil des Solliciteurs d’Asile à Strasbourg, continue ce qui fait le cœur de sa mission, l’aide au recours auprès de la CNDA (Cour Nationale du Droit d’Asile) et l’accompagnement des personnes en réexamen de leur demande. Cela implique souvent aussi une domiciliation, des entretiens téléphoniques avec les avocats…


CASAS étend aussi son accompagnement social et humain. Les cours de français et d’initiation à la vie locale se développent ; l’accueil du mercredi pour les enfants et les parents qui peuvent bénéficier s’ils le souhaitent d’un cours de français pendant ce temps. L’application de la nouvelle loi ne se fait pas sans dysfonctionnements : exclusions ou retards dans le versement de l’aide au demandeur d’asile, mise arbitraire en procédure accélérée, demandes de réexamen, décisions de réadmission dans un autre pays, refus d’hébergement…
Mais CASAS a perdu cette année sa subvention d’Etat (45000€) pour l’accompagnement aux dossiers destinés à l’OFPRA ; pour remplir sa mission, il a besoin de vous : de vos dons, de votre témoignage autour de vous, de vos associations, de vos paroisses…
Merci de ce que vous pourrez faire !


Atteintes aux droits des étrangers : un panorama.

Bien sûr, la principale catastrophe sont les milliers de gens fuyant leur pays et que notre repli européen pousse à risquer la noyade. Il s'est ajouté, depuis mars 2016, l'enfermement et le refoulement pur et simple des demandeurs d’asile vers la Turquie (voir Les Vingt-huit expulsent le droit d'asile, notre message de mars dernier et des informations montrant qu'on ne peut considérer la Turquie comme 'pays sûr' concernant l'asile). Cette situation n'est pas simple, mais l'Europe y a choisi le déshonneur et un repli criminel, qui a tué plus de 11000 personnes depuis 2011. Les demandeurs d'asile en Grèce sont en outre parqués dans des conditions abominables: http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/04/23/des-deputes-francais-sous-le-choc-apres-une-visite-dans-les-camps-de-migrants-en-grece_4907711_3214.html.

Mais beaucoup d’autres drames, devenues banals, continuent ou empirent ici, moins couverts. Nous en donnons une liste indicative.

- Des enfants sont enfermés en rétention, encore et encore. Un exemple : http://www.franceinter.fr/depeche-huit-ans-et-neuf-jours-seul-a-roissy et un bilan : https://blogs.mediapart.fr/la-cimade/blog/120116/enfants-en-retention-sombre-annee-2015. Un enfant emprisonné, ce n'est pas « gérer l'immigration ». C'est un enfant emprisonné. (Certes, cette prison est nommée autrement. Allez lui expliquer la différence.)

- La farce du « droit » continue outre-mer. Faire passer un enfant de cinq ans seul devant un juge, ce n’est pas « gérer l’immigration ». C’est grotesque.

- On demande aux étrangers de respecter la loi, mais envers eux les préfets la violent massivement et impunément dès qu’elle les gêne. Ici 135 actes jugés illégaux pour un seul préfet en deux semaines : http://www.gisti.org/spip.php?article5336.


- La violence de la rétention continue loin des regards et nous la rappelons inlassablement. Un exemple : http://www.lacimade.org/quand-lacharnement-des-prefectures-provoque-des-drames-humains/.

- L'enfer organisé pour les migrants à Calais a été abondamment couvert par les médias. Le dessinateur Kroll résume beaucoup en une image. http://kroll.be/index.php?option=dessindujour&Id=2085.

- Régulièrement sont expulsés des étrangers gravement malades —envoyés à une mort rapide dans le pays de renvoi, où ils ne pourront se soigner. Un exemple : http://www.lacimade.org/expulsion-imminente-dun-malade-menace-de-mort-dans-son-pays-dorigine/.

- Les destructions violentes et avec des aspects illégaux, de bidonvilles de Rroms restent massives, empêchant toute insertion, démolissant leur vie et notamment la scolarisation de leurs enfants. Ceci poursuit le cercle vicieux de l'exclusion. Ce lien l'explique très bien : http://www.ldh-france.org/roms-reponses-aux-contre-verites-du-ministre-linterieur/.

- Enfin deux lois ont été votées, concernant les étrangers : une sur l'asile et une sur l'immigration. Elles comportent quelques avancées et beaucoup de reculs. Des commentaires ont été faits par des spécialistes, nous n'en donnons pas ici. En revanche nous en rappelons l'importance : un mot qui change dans la loi, un article ajouté ou retiré, cela fait peu de bruit sur le moment. Cela engendre des drames, mécaniquement, plus tard —et rend tout un quotidien encore plus précaire et pénible pour des milliers de gens.
Voici à titre d'exemple un lien sur un décret d'application d'une récente loi, à titre d'exemple : http://www.gisti.org/spip.php?article5297.
Un autre exemple : la loi sur l'immigration n'a pas voulu interdire les tests d'âge osseux pour les étrangers se disant mineurs, ou présentant des documents prouvant leur minorité. Ces test sont pourtant reconnus médicalement comme trop imprécis pour fonder des décisions de justice. La loi les a encadrés et, ce faisant, explicitement légalisés, ce qui n'était pas le cas auparavant. Voici un exemple de l'application de ce test, raconté par une bénévole associative. De tels histoires se produisent sans cesse en France : https://storify.com/_castille/bani-mineur-isole-etranger-par-cecile-b .

Tout cela doit cesser.

Note. Les citoyens des divers pays surestiment systématiquement la part des étrangers dans leur pays. Ce graphique le rappelle :
http://blogs.univ-poitiers.fr/o-bouba-olga/2016/04/19/le-graphique-du-jour/
et montre également que cette surestimation est la plus forte en France. L'auteur du billet, économiste, s'interroge : serait-ce dû aux discours sans cesse alarmistes de nos dirigeants sur le sujet ? Au contraire, le solde migratoire français (entrées moins sorties), +57000 en France en 2015 (INSEE), est infime et n'a jamais été aussi bas.
Quoi qu'il en soit, on ne construira pas solidement notre avenir sur une vision totalement faussée de la réalité.

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